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#17 – 2263 kilomètres plus tard… Acte 3/3

Dansons une dernière fois, vous et nous. La toute dernière sera une valse solennelle, un entrechat courtois. Pieds chaussés et résinés.

Résignés, nous ne l’étions pas. Lisbonne, en ligne de mire, nous promettait dépaysement et repos. Lisbonne, est une ville qu’un enfant de cinq ans peut aisément situer sur une carte, à moins qu’il ne confonde avec Barcelone et dans ce cas là, et seulement dans ce cas là, votre enfant est terriblement stupide. On sait où Lisbonne se trouve, mais qui peut me parler de la couleur de Lisbonne, de ses rues grimpantes, de son vieux port et de ses vendeurs de drogue aussi discrets qu’un père noel en plein été? Difficile de la décrire sans y être allé car Lisbonne n’est pas une de ses stars de télé dont le pont est mondialement connu. Non, de Lisbonne on ne connaît que le nom, ce qui lui confère aujourd’hui un air désuet, une santé économique aux apparences faiblardes et une richesse culturelle incroyable. Et pourtant, on sent qu’il s’y passe quelque chose, que la branchitude frappe aux portes et que demain, Lisbonne sera devenue une annexe du canal St Martin, un coin sympa où les nappes à carreaux seront de mise et où chacun y connaîtra une « petite boutique dans une petite rue… ». Et puis tant pis après tout, on l’aimera encore.

C’est donc ignorants que nous nous arrêtions dans cette petite capitale d’un million d’habitants. 2 jours, c’est court mais nous étions devenus experts de la visite fast-food. Le côté rétro des rues et des tramways nous font voyager dans le temps, à croire que nos pieds sont de véritables DeLorean. Ici, les vieilles lignes de tramway en spaghettis se sont rendues indispensables: le dédale des rues grimpantes l’ont plus que légitimé.

Lisbonne et son Barrio Alto (qui porte plus que bien son nom) font souffrir nos jambes et nos genoux. Quartier singulier aux visages pluriels. Au détour de chaque rue, il se réinvente. Ses bars et ses boutiques l’ont rendu branché, le lieu incontournable de tout lisboète qui se respecte; mais pas besoin de la nuit comme prétexte pour s’y balader, le jour s’y prête à merveille pour s’épancher dans les rues au calme entrecoupé de râles suffocants, ça grimpe on vous a dit.

C’est depuis les belvédères que l’on se rend vraiment compte de la situation géographique exceptionnelle de Lisbonne et de ses multiples facettes. Nous sommes faibles face au vide qui s’ouvre sous nos pieds, Lisbonne nous avale, je le sens, notre cœur en premier. Cette ville est un miracle, quoi d’autre? Comment expliquer qu’à ce moment-là, nous volons? Oui, nous volons – je veux le croire. Au loin, les monstres marins mécanisés nous appellent: « Viens-là ». Le voyage ne se terminera donc jamais? Alors j’arrive, nous arrivons.

« La conquête » n’est pas seulement le titre du film sur la victoire de Nicolas Sarkozy au second tour de l’élection présidentielle (6 mai 2007, gravé dans nos cœurs), c’est aussi l’histoire du Portugal. On a jamais été aussi proches de Vasco de Gama & Co’, pas seulement parce que nous avons honoré sa tombe d’une photo mais également parce que nous avons mis les pieds dans ce qui était le bastion inébranlable de l’embouchure du Tage. Et là, mon pote, c’est à te ramener illico presto en enfance. Pour les plus vieux, je rappelle que l’enfance est le stade de développement humain qui précède l’adolescence. Pour les vraiment plus vieux, je rappelle que l’adolescence est le stade qui précède l’âge adulte. Insolent. Poursuivons maintenant que les termes sont clairs. Cette Tour de Bélem donne une vue incroyable sur le Tage, on y voit les marins revenir avec leurs histoires sur le nouveau monde. Et dire que ce truc n’a pas bronché lors du tremblement de terre de 1755 alors qu’il a été déplacé de plusieurs centaines de mètres. On dira ce qu’on voudra sur les clichés, mais bon, les portugais et le béton font plutôt bon ménache.

Et puis, un monastère (dont le cloître est exceptionnel) et un musée (dont vous ne verrez rien) avant de quitter la Belle pour se diriger vers la fin.

Une fin royale, Porto. Sceller ce voyage par Porto est un don du ciel, une chance rare. Quelle ville! La deuxième du Portugal avec seulement 240 000 habitants – un village. Mais quelle âme! Sans aucun doute un coup de cœur. Je ne sais par où commencer, je ne sais de quoi parler. Peut-être parce que nous y sommes restés que peu de temps ou qu’en amour, la pudeur est de mise. Il y faisait si beau. Le ciel se reflétait parfaitement dans les eaux de la ville, chaque houache était scintillement et chaque mât, un appel au voyage.

Porto est aussi mondialement connue pour le vin qui porte son nom, ça méritait bien une visite de cave et une dégustation.

Et puis une fin en fanfare par la visite de catacombes et d’une église richissime, l’Eglise Sao Francisco dont l’intérieur est entièrement recouvert d’une fine couche d’or (500 kilos quand même). Quelle chance de s’y retrouver seuls, à quelques minutes de la fermeture. Les photos y sont interdites et sont malheureusement rares sur la toile.

Le voyage se terminait sur ces bons moments, nous regagnions Madrid avec une douce et heureuse fatigue. 2263 kilomètres au compteur. A ceux là, il faut ajouter ceux de Mérida, de Cacéres, de Trujillo, de Garganta la Olla. Et puis, n’oublions pas Tolède, Ségovie, Salamanque et L’Escorial. N’offensons pas non plus Cuenca, ni Valence et Saragosse. N’offensons pas ces villes et ces moments qui, quoi qu’il arrive, nous seront toujours si familiers. N’offensons pas l’Espagne et ce qu’elle nous a offert, n’offensons pas ceux qui nous ont toujours bien accueillis.

Un Merci à vous qui nous avez lus, merci pour vos mots, merci de nous avoir donné un moyen d’éviter d’oublier.
17 articles et 17 villes traversées.
Comme un signe. A l’aube de ses 18 ans, il s’éteint.

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#14 – « Off » andalou

Un blog mobile, ça aurait été top quand même. Imaginez, chaque soir, une photo sélectionnée avec soin et diffusée ici-même accompagnée de quelques mots. Sobre et simple. Quoi qu’un peu compliqué à mettre en place. Ne changeons pas une équipe qui gagne, alors donnons-nous rendez-vous pour les fêtes pour un récit complet de ce off andalou. 

En exclusivité, la carte de notre road trip. C’est top : Cordoue > Grenade > Séville > Evora > Lisbonne > Porto. Oui, j’ai menti, le off n’est pas qu’Andalou, nous allons aussi faire des sons en « chh ».

Carte

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