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#8 – Aller-retour d’instants parfois pluvieux

Direction l’Estrémadure, aussi méconnue que belle, nous l’avons traversée et visitée. Ses sens-uniques sont vides, ses paysages sont réguliers et ses villes ont du caractère. L’écriture a ses limites. Nous avons nos limites. Collage d’instants et extraits choisis de 3 jours en Estrémadure.

Jour 1: Madrid-Merida, Fiat 500, 11 litres au cent.

Compliqué de quitter la capitale. Les routes se croisent et se décroisent, et moi, moi je suis bête. Alors on prend sur soi, on transpire, on glisse et on l’écoute, elle et ses râles. Devant nous, les longues routes se dessinent enfin. A portée de mains, la promesse de beaux moments. Laisser-aller, embrayage et pied sur la pédale, direction Mérida, à 344km au sud-ouest de Madrid, on va tutoyer les portugais.

Mérida, c’est un peu la Nîmes de l’Estrémadure. Y’a des ruines et du romain. Ville intéressante, on se plonge dans le passé et dans l’enfance aussi: oui, on rêve d’une visite enfantine, courir dans les ruines, épée à la main. Alors c’est ce qu’on fait, mais aujourd’hui, nos corps rouillés ont un peu peur, et puis il pleut. La mort du gladiateur attendra. Pour le moment, c’est visite du théâtre et de l’amphithéâtre, une visite entrecoupée de pluies éparses. 2 000 ans et toujours debout, le théâtre a gardé toute sa splendeur. On remarque néanmoins, ici et là, l’ajout de contreplaqué imitation « ruines romaines » – comment leur en vouloir? L’amphithéâtre, quant à lui, a bien vieilli. Pas de contreplaqué, mais une âme. On imagine les cris et le sang. L’enfant est servi, l’adulte aussi.

Et y’avait une crypte aussi. Tomber sur une crypte en refaisant son parquet est le rêve de tout homme, et moi le premier. C’est ce qui est arrivé aux maçons de l’Eglise Saint Eulalie. Une bien belle surprise façonnée par l’Histoire. On y trouve des tombes, des peintures et une baignoire, à l’ancienne. Au fond de la crypte, Eulalie, jeune fille de 12 ans faite sainte après avoir été torturée – c’est dur dur d’être chrétien. Je dois avouer m’être précipité dans la crypte sans prêter grande attention à l’exposition explicative présente à l’étage. Bien mal m’en a pris: dehors, il pleut des cordes. Mouillés, on a l’air cons – et mes cheveux, putain.

Le temps d’un répit, on file vers le musée de l’art Romain. Beau bâtiment, Nouvel à l’honneur. On y entre gratuitement, argument non négligeable: moi, je veux pouvoir m’payer une cana et des tapas ce soir. Priorisons, priorisons mon ami. J’ai les pieds mouillés, la visite sera courte. Sur la route de l’hôtel Acueducto de los Milagros, nous découvrons avec plaisir que le nom de l’hôtel a été choisi en conséquence. A quelques 500 mètres se dressent les restes d’un Aqueduc. A ses pieds, un parc. Il fera l’objet d’une balade semi-nocturne, le couché de soleil en trame de fond. Bonne nuit Mérida.

2013-10-19 20.02.07


Jour 2:
 Plus haut sur la carte, Caceres / Trujillo et napolitains

Aller à Caceres c’est se rendre dans la ville la plus visitée d’Estrémadure. Encore faut-il y arriver. La route Madrid-Mérida a été gourmande en carburant: vient le temps de faire le plein. C’est con, mais on a pas pensé à demander de quoi se nourrissait notre bien aimée Fiat 500, la petite blanche. Les cons. C’était sans compter sur ce sympathique garagiste. Bien plus que sympathique, commercial avant tout. Il a pensé à nous vendre ses napolitains et a tenté de nous refourguer son fromage « typiquement » espagnol. Passons notre tour.

Et puis on y est. Caceres, ville orange et petites rues. Une ville qui compte près de 100 000 habitants et dont le centre historique est complètement déserté, quasi mort. Seuls les touristes viennent, le temps d’un weekend, rendre de sa superbe et un peu de vie à Caceres la vieille. Ici, chaque pierre est Histoire. L’architecture nous parle des arabes, des juifs et de l’orphelin – habile jeu de cultures et mélange de codes. Étrange sensation que d’entendre depuis l’intérieur de L’Eglise, dont je ne me souviens plus le nom, des chants arabes, au loin. Nous grimpons l’escalier en queue de cochon pour admirer les toits chargés d’histoire. Pas le temps de flâner, la cloche tinte comme pour nous rappeler que la visite se poursuit – nos tympans tintent aussi et Marion tutoie les dieux, un instant.

Puis, petite balade dans les rues couleur ocre, et dans le quartier juif couleur blanche.

En un peu moins d’une heure, nous voilà rendus à Trujillo. Perchée en haut de son promontoire, elle domine la vallée. De là haut, elle nous offre un panoramique exceptionnel, mais ça, on ne le sait pas encore. L’heure est à la découverte de la ville renaissante et de ses restaurants, la ville historique attendra. Il est déjà 14 heures, autant vous dire que l’on a faim – toujours le même problème. On nous conseille ce très bon restaurant, à l’angle de la Plaza Mayor (Jolie placette nous laissant entrevoir au loin el Castillo). On s’y rend avec appétit et on est bien servis, très bien même. On y croise les grands et puis Chirac aussi.

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Repus, nous pouvons nous consacrer à l’essentiel: la vieille ville. Les châteaux, c’est ma passion – avec les parquets, bien entendu. Trujillo compte parmi ses beautés une belle forteresse arabe. L’essentiel n’est pas dans son enceinte, on en fait vite le tour. Il faut prendre de la hauteur pour l’apprécier: on se balade sur ses remparts avec plaisir, et on en prend plein la vue. On apprécie d’autant plus cette forteresse de l’extérieur, entourée de pâtures, de petites rues et de vieilles maisons fortifiées. On pourrait passer des heures à découvrir chaque recoin de cette vieille ville. On se met à rêver devant une pancarte « A Vendre » – et si, finalement, nous étions faits pour élever des brebis à Trujillo? Je tiendrais la ferme comme un homme et pour arrondir les fins de mois, elle accueillerait les visiteurs pour faire goûter ses plats, comme une femme.

Jour 3: Digestif sportif

L’Estrémadure s’est battue et elle a vaincu. Son parc, El Parque Nacional de Monfragüe, a été reconnu parc national en 2007. Je sais pas bien ce que ça représente, mais ça a l’air bien. Quoi qu’il en soit, il nous a offert une bien belle randonnée d’environ 2h30. L’occasion de découvrir un peu la faune et la flore espagnole, dont voici quelques clichés.

Terminons notre aventure par Garganta la Olla – appelée par les rigolos du coin « Garganta la Polla » (Google Image vous en dira plus que moi). Petit village et quotidien de 1 000 âmes. Plein de charme. Charles Quint y a fait construire une maison close pour ses coquins. De couleur, pour dénoter et rappeler que ce n’est pas un lieu respectable – chacun son point de vue. Dédale de petites rues, maisons atypiques, village tranquille. Si tranquille que nous avons presque l’impression de déranger le quotidien monotone des locaux. Quoi qu’il en soit, il est agréable de s’y promener et de partir à la conquête des cascades qui tracent tranquillement leur ligne dans les panoramiques parfois vallonnés de l’Estrémadure. Garganta la Olla, le digestif idéal pour terminer ce beau voyage.

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