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#15 – 2263 kilomètres plus tard… Acte 1/3

Et bien voilà. Chose promise, chose due. Félicitations à vous, vous avez exécuté la chorégraphie de Noël avec succès: les cadeaux ont (presque) tous plus, la dinde était parfaite quoi qu’un peu trop salée et cette année les discussions étaient emplies d’espoir pour 2014. Avant de danser à nouveau, prenez le temps de lire ces quelques mots – un verre de whisky à la main, les pieds sur le tapis persan et le crépitement du feu en fond sonore. Vroum, vroum, c’est parti mon kiki – on va parler bitume et cathédrale(s). Inaugurons ici une série de billets en trois actes, sobrement intitulée « 2263 kilomètres plus tard ».

Le point d’orgue de notre séjour en Espagne, l’Andalousie. Sans la connaître, nous l’aimions déjà. Comme un proche que nous n’avions pas vu depuis longtemps, elle nous manquait. Pour tout vous dire, l’Andalousie c’est notre mère, notre sœur, notre tante. La route fut longue, mais elle en valait la peine. Premier arrêt à Cordoue (la ville des cordonniers, sans blague: Cordouan = de Cordoue). Nous étions suréquipés pour cette première étape: trois couches de vêtement chacun dans une ville où l’été joue les prolongations. Ne nous plaignions pas, la visite en était d’autant plus agréable. A notre arrivée, les orangers nous accueillaient – belle mise en bouche.

L’Alcazar de Cordoue n’a pas un intérêt fou. Il permet toutefois de prendre de la hauteur sur la ville et d’apprécier la vue. Non vraiment, ce sont ses jardins, ses patios, ses fontaines et ses orangers qui viennent réveiller notre excitation.

A Cordoue, nous étions de véritables rois, le peuple nous acclamait et saluait notre espagnol courant. A Cordoue, nous étions surtout seuls – voilà notre seul fait d’arme. Des conditions royales pour déambuler dans les rues blanchies à la chaux de la cité andalouse, découvrir un patio au détour d’une placette ou bien se perdre dans le dédale des rues. Nous avons fait les trois et en voici la preuve.

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Le temps d’une nuit chez « Fernando El Guapo » et nous en prenions plein la vue dans la Mezquita. Une mosquée un brin défigurée par une cathédrale – Charles Quint a fait des siennes. 854 colonnes composent la mosquée. Elle en comptait plus de  1 000 avant que Charlie n’impose son style. Une certaine harmonie s’est néanmoins créée et le coup d’oeil vaut le détour, sorte de claque à l’infinie.

Le trajet Cordoue > Grenade nous réservait bien des surprises: des champs d’oliviers à perte de vue, histoire de nous encrer encore un peu plus en Andalousie. Magnifique. Grenade est mondialement connue pour son Alhambra, fleuron de l’architecture arabe, que nous avons d’abord snobé en faveur des quartiers surmontant la ville et racontant une histoire particulière et plein de charmes. L’Albaicin (les misérables) à lui seul nous en dit long sur la fin de la période mauresque et la Reconquista, les musulmans pauvres s’y réfugiaient alors avec l’espoir de jours nouveaux. Un quartier fait de pierres blanches et idéal pour admirer au loin l’Alhambra. Une beauté qui devait donner du courage aux misérables et que nous visitions quelques heures plus tard dans des conditions quasi royales.

L’été, les touristes s’y pressent et s’y compressent. Un nombre de visiteurs limité à 7 000 par jour. Nous, nous étions quasi seuls pour déambuler dans les palais nasrides et contempler la beauté d’une architecture à caractère de casse-tête chinois pour les mathématiciens les plus acharnés. Quasi seuls, oui – bien que ça ne soit jamais assez pour Elle. Nos mots comme nos images trahiraient la beauté des lieux. Les images ont néanmoins le mérite de ne pas la salir.

En 2 jours seulement, nous en avions déjà vu tellement. Comment la suite du voyage pouvait-elle encore nous surprendre?

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#5 – Ségovie m’a tuer

Belle surprise que cette Ségovie, perchée à 1000 mètres de haut. Humblement belle. Flèche dans le cœur mon amour. Permets-moi de te tutoyer.

Tu n’es pas de ces villes fleuries, effleurées et déflorées par ces robes estivales et ces éphémères chapeaux de paille. Non toi, toi tu te mérites. Bien sûr, tu n’es pas ville déserte, tu as toi aussi ton lot d’échoppes, tu es même classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, orgueil des grandes étapes touristiques. Mais moi, moi je m’en fous – je t’aime, toi et tes aspérités, toi et ton label: j’irais balayer tes rues, polir ton habit rocheux et m’agenouiller dans la Sierra – s’il le faut.

Tu n’as en apparence, et seulement en apparence, que peu de choses à nous offrir mon amour. On nous parle de ton aqueduc, de ta chapelle et de ton château. Ceux qui s’arrêteront là, ne te connaîtront jamais vraiment. Et j’ai honte ma belle, parce que j’en suis. Pardonne moi alors si je ne mentionne que ces quelques merveilles. Pardonne moi alors si je ne parle pas des longueurs de tes rues ni de tes sécheresses estivales. Mais laisse moi le temps, laisse nous le temps.

Ce matin là, j’ai d’abord regardé tes longues jambes, ma douce. Ô mon amour, quelles enjambées tu nous offres là! Tu es fine, élégante et si fragile. Quelle claque. On dit de tes arches qu’elles sont malades, on les dit condamnées, mais moi j’y crois pas – tu as su déjouer le diable plus d’une fois. (Je vous invite à faire défiler les photos, ci-dessous)

Le vent souffle dans la Sierra de Guadarrama, ta robe se soulève et tes arches nous laissent entrevoir ta cathédrale, elle nous appelle. Et là-haut, dans le ciel, les oiseaux dansent en croix, comme pour nous encourager à venir te découvrir, encore un peu plus.

J’aimerais louer chaque centimètre de ton corps. Je sais que notre histoire est encore jeune et j’espère que tu pardonneras mes écarts: oui, ta cathédrale est belle mais je dois t’avouer qu’elle m’a laissé un poil indifférent. Ne te méprends pas, je ne parle pas de son architecture qui est quant à elle ma-gni-fique: quel plaisir de la voir jouer à cache-cache dans le dédale des rues… Non, je parle de son enceinte. Ne m’en veux pas, comprends moi: Tolède m’avait cloué au sol quand tu me bouscules à peine. Aléas de l’Histoire, sans doute.

Tes rues nous creusent et c’est avec joie que l’on se hâte dans un de tes nombreux restaurants pour goûter ce que nous offrent tes mets. Pour ma part, j’ai fait un avant-après de ton cochon de lait (cochinillo), merci. A l’heure du goûter, je me suis permis de savourer ton ponche, merci, une fois encore.

                (Cochinillo – Avant)                                                                     (Cochinillo – Après)

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Il nous fallait bien ça pour partir à la conquête de l’Alcazar, ce beau château qui te domine. Comme un gosse j’étais. Des armures et des épées dans tous les sens. Et une vue, une vue incroyable. Une vue d’autant plus incroyable quand on se risque à grimper les 152 marches que compte ta tour. A bout de souffle, 80 mètres plus haut, tu nous as couché. Marche ou crève. On se dit que le paradis n’est pas si loin quand on regarde le désert qui se souligne en contre-bas, laissant apparaître de magnifiques reflets orange.

Tu aimes observer mais aussi être observée et ces petits chemins qui te contournent nous révèlent ta vraie beauté – un « putain comme t’es belle » m’échappe. Décidément, tu aimes jouer à cache-cache, et nous aussi. On te regarde une dernière fois, – tu es là, toujours belle, dominant la Sierra – et on gravit difficilement les dernières marches. Marche et crève. Putain, je prierai demain.

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